Les quatre domaines suscitant le plus d’innovations aujourd’hui, le fameux « SMAC » pour Social, Mobile, Analytique et Cloud, reposent tous majoritairement sur des technologies open source.
L’open source permet aux entreprises d’améliorer leurs performances et leur productivité, de conquérir des marchés de plus en plus lointains et d’inventer de nouveaux produits et services répondant aux besoins de leurs clients. De manière plus large, l’innovation bénéficie à l’ensemble de la société puisqu’elle contribue à créer de nouvelles entreprises et donc, des emplois.
L’open source : pivot de la transformation numérique des entreprises
Dans le domaine des technologies, l’open source est devenue en quelques années un vecteur capital d’innovation en Europe, a fortiori dans le cadre de la transformation numérique des entreprises. Par exemple, les évolutions permises par les technologies communément appelées « Big Data » dans l’analyse de données révolutionnent aujourd’hui les pratiques professionnelles et métiers, tant dans le marketing (connaissance des clients et de leurs comportements, personnalisation des offres) que dans la logistique (optimisation des tournées et des stocks en magasin), les applications industrielles (maintenance prédictive, économie d’énergie), la recherche et développement, la gestion des ressources humaines (recrutement), la santé ou encore, la détection d’opérations frauduleuses. Avec la montée en puissance de l’Internet des Objets et les promesses qui en découlent dans quasiment tous les secteurs d’activité, les applications de Big Data se multiplient et rendent désormais des services qu’il est impossible d’envisager avec les systèmes informatiques traditionnels.
Les systèmes de nouvelle génération conçus pour relever ce nouveau challenge se basent bien souvent sur Hadoop, un ensemble de technologies issues de l’open source. Ils permettent aux entreprises de tirer parti, à moindre coût, de la masse croissante de données aisément accessibles et désormais exploitables. De plus, ils boostent leur créativité et suscitent la création d’une myriade de nouvelles applications qui, elles-mêmes, vont alimenter l’innovation. Parallèlement, si dans un premier temps les entreprises ont appris à maîtriser les Big Data pour mieux connaître leurs clients et personnaliser leurs offres, elles commencent aujourd’hui à bâtir des applications qui exploitent cette connaissance en temps réel (recommandation, reciblage publicitaire, etc.) et inventent tous les jours de nouvelles manières d’interagir avec leurs clients ou révolutionnent des marchés établis. Ici encore, un système open source est au cœur de l’innovation : Spark.
Dans le même esprit, le Cloud est principalement bâti sur des technologies open source (OpenStack et Docker). De même que la mobilité (Android) et les réseaux sociaux (WordPress, Open Graph). En d’autres termes, les quatre domaines suscitant le plus d’innovations aujourd’hui (le fameux « SMAC » : Social, Mobile, Analytique, Cloud) reposent tous majoritairement sur des technologies open source.
Et même les grandes entreprises, souvent très attentistes vis-à-vis des nouvelles technologies et privilégiant traditionnellement les approches proposées par les acteurs du logiciel propriétaire, se tournent aujourd’hui vers l’open source pour dynamiser leurs stratégies d’innovation. 78% des entreprises déclarent aujourd’hui utiliser l’open source. Si les études varient sur la proportion d’applications open source présentes dans le système d’information des entreprises (environ 25% en Europe), l’open source générerait un chiffre d’affaires annuel de 4 milliards d’euros en France et le nombre de projets en Allemagne est en hausse ; les deux pays étant les pionniers européens.
Expérimenter : la première étape de l’innovation
Au-delà de la puissance de logiciels soutenus dans le monde entier par les milliers de développeurs, de leur caractère économique et de leur facilité de déploiement et d’utilisation, l’open source offre un avantage décisif par rapport aux technologies propriétaires : il réduit les barrières à son adoption (téléchargement gratuit, licence d’utilisation libre, rapidité de déploiement et de mise en service, investissement initial limité qui suscite la prise d’initiatives). Quoi de plus simple que de télécharger un logiciel et de lancer immédiatement le développement d’un prototype ? Tester, envisager, expérimenter, se tromper, remettre en question et recommencer, affiner… autant d’éléments qui définissent le processus d’innovation et que favorise l’open source.
Si la naissance du modèle open source a un temps répondu à l’objectif des entreprises de s’affranchir de la rente de situation des éditeurs de logiciels qui les enfermaient dans leur logique propriétaire, son développement a été rendu possible par la création d’un nouveau marché, impulsé par des entrepreneurs (Red Hat, Cloudera, Talend…). Ce nouveau modèle économique, en rupture avec les modèles commerciaux existants, s’est peu à peu enraciné dans les entreprises, car il a prouvé sa viabilité, sa stabilité et ses performances, c’est-à-dire sa capacité à répondre efficacement aux exigences des entreprises.
Orienté sur le service rendu, plutôt que sur une logique purement financière, l’open source répond beaucoup mieux aux exigences des entreprises modernes qui cherchent la transparence, la prévisibilité et l’ouverture sans pour autant faire de compromis avec leurs exigences de sécurité et de performance, ni avec leur attente de contractualiser avec des organisations capables de respecter leurs engagements.
Un peu comme les nouvelles espèces, mieux adaptées à l’environnement, qui ont succédé aux dinosaures, l’open source est devenue aujourd’hui un moteur essentiel d’évolution. Si quelques dinosaures subsistent encore, ils ont été contraints de se rendre à l’évidence en essayant tant bien que mal de s’inspirer des nouveaux acteurs issus de l’open source. D’ailleurs, preuve de la pertinence de l’approche open source, le modèle s’étend désormais bien au-delà de la simple industrie du logiciel, pour conquérir aujourd’hui les produits eux-mêmes : « L’open source est avant tout une philosophie de partage et de mutualisation des savoirs de l’humanité ».
Source : JDN