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Dépassé, le postier. Désuet, le point relais. Aux oubliettes, le click&collect. De nouveaux moyens de livraison sont déjà dans les cartons. Fast forward.

Les nouveaux modes de livraison se multiplient depuis deux ans. En particulier, depuis qu’Amazon a annoncé travailler sur les drones aériens, fin 2013, de nombreux transporteurs se sont approprié le même objectif. DHL, UPS, La Poste via sa filiale Geopost, les postes allemande, suisse et finlandaise… même Google planche sur le sujet dans le cadre de son Project Wing, tout comme Walmart et Alibaba.

Des obstacles techniques demeurent, tels que l’autonomie limitée des appareils (davantage de batterie signifie moins de charge transportable), les collisions à éviter ou le manque de précision du lieu d’atterrissage. En outre, l’actuel cadre légal constitue une véritable entrave, puisque dans de nombreux pays il interdit le vol de drones autonomes, sans pilotage direct par un opérateur humain. Enfin, le modèle économique, à l’opposé de la mutualisation habituellement nécessaire à la rentabilité des moyens de transport de colis, reste également à trouver.

Tout ceci conduit assez logiquement UPS à la perplexité et les postes européennes à imaginer des applications réservées à la livraison de zones difficiles d’accès. Cependant, Amazon continue d’envisager le drone comme un moyen de livraison pour tous, notamment parce qu’une grande majorité de ses colis ne dépassent pas 2,2kg. L’e-commerçant américain vient d’ailleurs de présenter le dernier modèle de ses drones Prime Air, capables de transporter des colis à 90km/h ans un rayon de 25km. Quant à l’e-commerçant chinois JD, il projette même de déployer 200 000 drones de livraison.

L’avenir n’est pas nécessairement dans les airs

Pendant que le secteur de l’e-commerce se demande si et quand les drones aériens vont révolutionner la livraison de colis, un drone d’une autre nature est en train de voir le jour à l’initiative de deux cofondateurs de Skype, Ahti Heinla et Janus Friis. Starship Technologies, leur start-up britannico-estonienne, conçoit un drone terrestre capable de livrer des courses alimentaires ou des petits colis au pied du domicile d’acheteurs urbains. Avec un avantage certain : il ne risque pas de tomber sur la tête de quelqu’un ou de faire exploser un avion.

Le scénario que les deux entrepreneurs imaginent est le suivant. Des « entrepôts portables » construits à partir de containers réaménagés seront dispersés dans la zone à couvrir, sur des parkings ou à côté de grandes surfaces. Le drone Starship sera chargé automatiquement puis cheminera sur les trottoirs à une vitesse maximale de 6,5km/h sur un rayon de 3,2km, pour livrer en moins d’une demi-heure une cargaison pesant jusqu’à 18kg. Une application mobile permettra à l’acheteur de suivre le trajet de son livreur sur roues puis d’en ouvrir le coffre. Pour arriver à bon port, le drone emploiera une carte haute résolution, un radar, une caméra (dissuadant aussi les vols), un micro et un haut-parleur pour interagir avec les passants, et pourra demander à un opérateur humain de reprendre le contrôle à distance.

Et si l’on imagine mal ces R2D2 de l’e-commerce se frayer un chemin boulevard Haussmann aux heures de pointe, ils pourraient en revanche prospérer dans des zones urbaines moins denses, comme les quartiers résidentiels, les campus universitaires ou les zones d’habitation protégées. Starship Technologies lancera dès ce printemps des pilotes à Greenwich, près de Londres, ainsi qu’aux Etats-Unis, avant un lancement commercial prévu pour 2017.

Tous l’écosystème s’y met

Plus proches de nous, d’autres modes de livraison s’apprêtent à bousculer les acteurs en place et à créer de nouvelles habitudes chez les consommateurs.

Par exemple, si Cityssimo de La Poste avait été un échec, on voit aujourd’hui revenir les consignes automatiques par la grande porte avec Abricolis du Polonais Inpost, Packcity de Neopost ID et Pickup Stations de Pickup Services. Des constructeurs automobiles s’essaient également à la livraison e-commerce en permettant aux livreurs de déposer les colis dans le coffre de voiture, à l’instar de Volvo en Suède ou d’Audi en partenariat avec DHL et Amazon en Allemagne.

L’économie à la demande est elle-aussi appelée à la rescousse et un Uber, qui teste le transport de colis à New York via son service UberRush, bâtit une bonne partie de sa valorisation sur son potentiel dans la livraison e-commerce. Quant au crowdsourcing du dernier kilomètre, plusieurs start-up françaises marchent dans les pas de Postmates et d’Instacart, pendant que les Walmart, Starbucks et Amazon se frottent les mains d’avoir peut-être trouvé une solution rentable à la difficile équation de la livraison le jour-même.

Autrement dit, la livraison e-commerce n’est déjà plus l’apanage des acteurs spécialisés. Des start-up, des géants du Web et des retailers déploient des trésors d’imagination pour inventer les modes de livraison de demain… et n’hésitent plus à aller concurrencer les transporteurs sur leur propre terrain. En témoigne Amazon, en train de constituer sa propre flotte d’avions afin de pouvoir éviter le goulot d’étranglement d’UPS, incapable désormais d’assumer la croissance du leader mondial de la vente en ligne. Pour la société de Jeff Bezos, the sky is the limit…

Source : JDN